Sois un guide pur

Résumé.

Une des plus nobles missions auxquelles nous pouvons nous atteler, est celle de guider notre prochain. À l’évidence, participer à l’aménagement de la vie d’un être est un cadeau inestimable. Inestimable pour celui qui donne, plus que pour celui qui reçoit. Cette noble mission, cependant, requiert un cheminement personnel dont le premier pas est la purification du cœur et dont le dernier est est la capacité à demeurer sur la voie de la rectitude tout en offrant une guidance. Visitons une âya du Coran, un signe divin, qui nous invite à une réflexion sur l’importance de se purifier afin de guider notre entourage.

 

« Âya » est un signe. Le Coran en contient des milliers : une âya du Coran est un signe divin. Dans le présent article, je vous propose de contempler l’une d’entre elles..

La âya 82 de la vingtième Sūrat est une âya qui nous recommande de cheminer vers la purification de notre être ainsi que de demeurer sur le droit chemin, tout en étant une source d’inspiration. Il est dit :

Je suis, en vérité, celui qui pardonne sans cesse à celui qui revient vers moi ; à celui qui croit, qui fait le bien et qui, ensuite, se trouve bien dirigé.

Je suis, en vérité, celui qui pardonne sans cesse à celui qui revient vers moi ; à celui qui croit, qui fait le bien et qui, ensuite, se trouve bien dirigé [Coran 20:82]. (c) Yasmine Arfaoui Photo

Je suis, en vérité, celui qui pardonne sans cesse à celui qui revient vers moi ; à celui qui croit, qui fait le bien et qui, ensuite, se trouve bien dirigé [Coran 20:82]. (c) Yasmine Arfaoui Photo

Dieu commence par affirmer qu’Il est absolument bienveillant et plein d’indulgence (soit une grande facilité à pardonner). L’attribut Al-Ghaffâr (le tout pardonneur), nous renvoie notamment à notre condition humaine ; faillibles, nous avons besoin d’un Être suprême pour nous accueillir en Son pardon et nous redonner espoir. Ensuite, Dieu confirme que Son pardon est accessible à toutes et à tous.

Répétons-le : toute personne, absolument toute personne, peut mériter la purification par l’entremise de Dieu. Encore faut-il qu’il suive la voie tripartite, un chemin en trois niveaux que nous balise la âya : tâba, âmana, ‘amila sâliha ; soit, se purifier, construire sa relation de confiance avec le divin et faire le bien. Nous allons regarder de plus près ces trois niveaux dans les paragraphes suivants.

-1- Tâba, le retour à Dieu. L’action de revenir quoiqu’il arrive.

L’être humain a pour mission de conduire sa vie sur le droit chemin. Or, sa condition humaine, qui est à la fois perfectible et faillible, le mène tôt ou tard hors de cet itinéraire qu’il est supposé parcourir, vers les routes de l’égarement, de l’oubli, de l’erreur. Toutefois, Dieu nous demande d’éviter différents écueils, parmi lesquels le désespoir est le plus manifeste. En effet, Dieu nous préconise au contraire d’assumer nos erreurs et de prendre nos responsabilités. Il s’agit donc de comprendre le pourquoi et le comment de l’erreur, puis transformer le regret en une force génératrice (une force pour panser nos blessures).

Un message d’espoir.

Afin que nous gardions espoir, la tradition musulmane abonde de rappels qui nous confirment combien Dieu « se réjouit » (Dieu est pleinement satisfait) de notre retour à Lui. En voici un exemple où le Prophète Muhammad (sws) nous offre une belle parabole :

Dieu Se réjouit du repentir de Son serviteur plus que ne se réjouit l’un de vous qui, traversant une terre désertique, voit sa monture lui échapper, emportant sa nourriture et sa boisson.

Désespérant de retrouver sa monture, il s’allonge à l’ombre d’un arbre. Alors qu’il est ainsi, voilà que sa monture se présente devant lui. Il la saisit par la bride et s’exclame sous l’effet de la joie : « Seigneur ! Tu es mon serviteur et je suis Ton seigneur ! », commettant ainsi un lapsus.


-2- Âmana, la foi en Dieu. La relation de confiance au divin.

La foi en Dieu se construit par un double cheminement, de l’esprit (raison, logique, équations à résoudre) et du cœur (voie de l’instinct/disposition première, une voix innée en nous). Un cheminement à travers lequel l’être humain, plaçant une confiance absolue en Dieu, éveille son cœur et nourrit sa spiritualité. Un travail intérieur donc, qui se manifeste dans le bel agir (le troisième niveau).


-3- ‘amila sâlihan, les actions de bien.

Dieu nous parle de l’action du bien au sens général. Les occasions d’accomplir le bien sont quasi-infinies et chacun d’entre nous a ses propres talents pour y répondre différemment, à sa façon. À ce niveau, il est fort inspirant de se référer de temps à autre à des récits de vie afin de rester motivé et d’évoluer dans une noble compétition vers le bien.


Comme la lumière, un être pur éclaire. (c) Yasmine Arfaoui Photo

Comme la lumière, un être pur éclaire. (c) Yasmine Arfaoui Photo

Des niveaux interdépendants.

Il est à remarquer que la âya balise notre cheminement en trois niveaux successifs et interdépendants. En effet, le repentir nous permet de restructurer notre relation à Dieu et avec Ses créatures. Notre foi s’accroît par l’action de bien et, réciproquement, l’action affirme la foi. Enfin, l’action de bien purifie notre intérieur. Cette dynamique entre les trois niveaux nous permet donc de nous lier à Dieu, al-Ghaffâr.

Un pur guide.

Suite à cette transcendance vers al-Ghaffâr, la âya nous engage dans un niveau supérieur. La transition vers ce dernier degré spirituel est signalée au moyen de l’adverbe « puis » (thumma). Cette expression de logique temporelle indique ainsi un temps requis et un degré d’élévation supérieur. Elle exprime le long périple du guide qui se purifie pour, ensuite, avoir la force de guider son entourage : « ihtadâ » est alors le mot de la fin.

Conclusion.

Comme la lumière, un être pur éclaire. À la différence que pour un guide, son énergie augmente à mesure qu’il la diffuse. Le bel agir revient à celui qui l’offre, il s’agit d’une loi divine.

Soyons cet être de lumière. Que Dieu nous guide et guide par notre entremise. Amîn.