Revenir à Dieu lors des difficultés
Je discute avec un ami. Il se sent hypocrite de revenir à Dieu lorsque surviennent des difficultés. Lors de difficultés sociales ou financières, lors d’épreuves sentimentales ou spirituelles, il revient à Dieu avec ardeur et cela l’inflige.
Que lui répondre ?
Afin d’esquisser la réponse à cette question, arrêtons-nous avec un passage divin ..
Sûrat Yûnus
âya 22 et 23
Vous vous trouvez dans un bateau qui s’élance sur l’eau par un vent doux. Les voyageurs s’en réjouissent. Tout se passe à merveille quand survient un vent impétueux qui déchaîne les vagues sur eux de tout part.
Ils se savent encerclés, il n’y a pas d’issue, le péril est réel.. Aussitôt ils invoquent Allah tout en purifiant pour Lui leur religion.. Dans la plus grande ferveur, ils promettent : « si Tu nous sauves de ce péril-ci, nous serons, très certainement parmi les reconnaissant. »
Mais voilà que lorsqu’Il les sauve, ils se rebellent sur la terre sans droit.
Clôture avec un principe qui contient une réprobation :
« Ô vous les êtres humains, votre rébellion ne fera du tort qu’à vous-même. Vous jouirez dans la vie d’ici-bas avant de revenir à Nous afin que nous vous exposions tout ce que vous avez fait et que Nous vous annonçons l’issue de vos actions. »
Dans ce passage de Sûrat Yûnus (10/22-23), Dieu nous parle de la nature de l’être humain qui le fait revenir à Dieu lors des difficultés (1). Par l’absence d’échappatoire, nous nous en remettons instinctivement à Dieu.. c’est notre nature intime qui parle.
Or, il est notable que Dieu ne réprimande pas l’être humain de revenir à Lui dans des moments difficiles. Il réprouve plutôt l’action humaine d’oublier Dieu, Son Sauveur, après qu’il l’eut sauvé.
S’en remettre à Dieu lors des difficultés est une preuve de foi. Foi en Dieu qui est le seul capable de me répondre favorablement. Qui d’autre que Lui {réponds à l’angoissé quand il L’appelle, et déblaie le mal} ? (2)
En ce sens, la difficulté est une opportunité. Opportunité d’intensifier le lien avec Dieu.
Dans l’épreuve, nous élevons notre niveau de spiritualité et nous nous reconnectons intimement avec le Tout Rapproché. La difficulté se métamorphose donc en un don.
L’écueil à éviter reste dans le fait de ne jamais s’oublier (et L’oublier)… là où le bât blesse, c’est de vivre dans l’insouciance lorsque tout va bien et de se souvenir lorsque les choses vont moins bien. Fonctionner sur cette dichotomie devrait (comme pour mon ami qui posa le questionnement) nous interpeller..
Dernier mot.
L’épreuve que nous vivons à l’échelle internationale est un rappel. Tout être humain a au fond de lui une prédisposition à croire. Les difficultés de la vie viennent nous alléger de nos attachements superficiels et nous permettent de retrouver le chemin de l’essentiel.
Ce qu’il nous revient de faire en de pareils moments est de nous souvenir.. nous souvenir pour de bon.. car derrière les petites épreuves de la vie, la grande menace de l’au-delà nous menace.
﴾Très certainement, Nous leur ferons goûter le châtiment mineur de ce monde avant de leur infliger le supplice majeur. Peut-être reviendront-ils de leurs erreurs.
Qui est plus injuste que celui qui se détourne des signes de son Seigneur quand on les lui rappelle ? Mais c’est avec rigueur que Nous sévirons contre les criminels. ﴿
« وَلَنُذِيقَنَّهُم مِّنَ الْعَذَابِ الْأَدْنَىٰ دُونَ الْعَذَابِ الأَ كْبَرِ لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّن ذُكِّرَ بِآيَاتِ رَبِّهِ ثُمَّ أَعْرَضَ عَنْهَا ۚ إِنَّا مِنَ الْـمُجْرِمِينَ مُنتَقِمُونَ »
(1) Dieu nous illustre ce caractère humain au travers d’un contexte où l’on s’imagine être en pleine mer agitée dans les passages suivants : Al-Isra 17/66-67, Al-’Ankabut 29/65-66, Ar-Rum 30/33, 51, Luqman 31/31-32.
(2) Sûrat An-Naml 27/62 :
أَمَّن يُجِيبُ الْمُضْطَرَّ إِذَا دَعَاهُ وَيَكْشِفُ السُّوءَ وَيَجْعَلُكُمْ خُلَفَاءَ الْأَرْضِ ۗ أَإِلَٰهٌ مَّعَ اللَّهِ ۚ قَلِيلًا مَّا تَذَكَّرُونَ